Les Sourds de la Silencieuse se réunissent le deuxième samedi de chaque mois dans les locaux de l'I.P.E.S. de Ghlin
Il n’y pas de fête sans banquet. Les banquets ont une histoire : le premier d’entre-eux, a été fondé en 1834 par Ferdinand Berthier pour forger une élite sourde et la faire connaître par la société civile. Aujourd’hui, ils sont devenus le point d’orgue de la convivialité sourde. Là se retrouvent les amis qui se sont perdus de vue, les élèves d’un même internat qui évoquent les jours anciens. On se retrouve, on s’embrasse, on se congratule. La salle devient vite trop petite, la foule déborde et s’éparpille au dehors. Des cercles de conversations se forment, qui s’étendent puis se disloquent pour se reformer ailleurs. Partout ce ne sont que des mains qui voltigent dans l’espace, dans un silence impressionnant. L’heure annoncée de la fermeture est depuis longtemps dépassée que la salle est encore pleine. Dehors, on ne parvient pas à se quitter. La seule langue qui s’y parle est celle des sourds. On n’est bien qu’entre sourds. Si quelques entendants sont présents, ils parlent aussi la langue des sourds. C’est une inversion du morne vécu quotidien. Comment pourrait-on se penser en terme de minorité lorsque l’on se retrouve si nombreux, partageant une même langue et communiant avec une telle ferveur ? Le temps d’une journée, on a réalisé localement un monde sourd. Le déroulement des festivités fait l’objet d’une grande ritualisation. Tout commence et finit par des discours. D’innombrables remerciements sont de rigueur.
"Les Sourds c'est comme ça", Yves Delaporte, Mission du patrimoine ethnologique, éd. de la maison des sciences de l'homme, Paris, 2002
Le bon
conseil d'Yves Delaporte aux sourds